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Carnet de voyage Brésil : Les joailleries de Diego de Oshossi

Carnet de voyage Brésil : Les joailleries de Diego de Oshossi

Diego, maître joaillier, s’est spécialisé dans la confection de parures sacrées, à la croisée de l'art et du rituel. Chaque création naît d'un dialogue silencieux entre l'invisible et la matière, entre les forces ancestrales et les gestes du présent. Diego façonne des objets qui racontent des histoires, capturant dans l'or, les pierres et les perles les échos d’une mémoire ancienne. Ses bijoux ne sont pas de simples ornements : ils incarnent des présences, tissent des passerelles entre l’âme humaine et le monde spirituel, offrant à chacun un fragment tangible de mystère.

 

LES JOAILLERIES DE DIEGO DE OSHOSSI


C’est lors de la fête d’Oshum que Babá Claudio m’a présenté à Anderson, un styliste brésilien qui, après avoir vécu dix ans à Paris, est revenu au Brésil pour créer sa propre maison de couture. Voyant mon intérêt pour les objets utilisés dans le candomblé, Anderson me parle de Diego de Oshóssi, un joaillier spécialisé dans la confection de parures sacrées. C’est ainsi que quelques semaines plus tard, l’artiste-artisan et sa femme me reçoivent dans leur atelier, accompagné d’un majestueux Akita. « Tu sais, c’est la première fois que j’ouvre mon atelier à quelqu’un ! » s’exclame-t-il, tandis que je pénètre dans son espace de création où la matière est façonnée pour être sublimée.

À mon grand étonnement, la vaste pièce est emplie de différents bains, - le joaillier serait-il aussi un alchimiste ? – des colliers et pièces de métal sont accrochés aux murs. M’entraînant avec lui, il me fait alors découvrir des créations en cours de réalisation : la hache à double tranchant de Shangô, divinité de la justice ; le couteau d’Ogun, maître de la sidérurgie et de la technique ; ou encore l’arc et les flèches d’Oshóssi, symbole de chasse et d’abondance.
Diego façonne ses oeuvres comme le poète compose ses alexandrins, créant des objets qui racontent des histoires, unissant l’invisible à la matière. Il me fait découvrir les bijoux créoles afro-brésiliens, empreints d’une symbolique forte liée à l’émancipation de la diaspora africaine au Brésil. Ces ornements, apparus entre le XVIIIᵉ et le XIXᵉ siècle, étaient portés par des femmes noires asservies, affranchies ou libres, incarnant pouvoir, séduction et magie. Les bijoux créoles constituent l'une des plus anciennes manifestations artistiques afro-descendantes au Brésil. Parmi ces objets, Diego me montre les colliers d'anneaux, formés de maillons imbriqués, lisses ou décorés et la Penca de balangandãs, un ornement mystique, porté par les femmes noires et mulâtres au niveau de la taille, comportant divers symboles de la religion africaine et européenne.

Au coeur de cet atelier-musée, une sculpture attire mon attention : l’oiseau Eyê. Diego m’explique qu’il s’agit d’un objet cérémoniel associé à Ossain, divinité des plantes et des soins. Dans la tradition yoruba, cet oiseau est un messager permettant à Ossain de lire le monde. La sculpture de métal est composée de sept branches, représentant un arbre, et elle est surmontée par Eyê. L’Orishá Ossain porte également une calebasse renfermant des plantes médicinales et des sortilèges.

Après la découpe, le soudage et le limage, chaque bijou subit une série d’immersions dans divers bains d’électrolyse afin d’éliminer les impuretés et prévenir l’oxydation des métaux. Ce processus porte un nom un tantinet barbare : le rhodiage. Le dernier bain, quant à lui, confère à la pièce une finition argentée ou dorée.
C’est le coeur empli de gratitude et la tête pleine de récits fascinants que je quitte finalement l’atelier de Diego et de sa femme, après avoir passé l’après-midi avec le couple. J’ai découvert un véritable orfèvre qui, à travers ses mains et son savoir-faire, compose des oeuvres uniques serties d’une véritable magie.