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Carnet de voyage Brésil : Le jeu de Cauris

Carnet de voyage Brésil : Le jeu de Cauris

Les cauris, coquillages sacrés, sont des messagers. Jetés dans le silence, ils révèlent des chemins, murmurent des réponses. À travers eux, les ancêtres parlent, le destin s’oriente. Leur forme douce et leur éclat nacré inspirent des bijoux oraculaires, mystérieux et sensoriels. Chaque pièce devient une porte sur l’invisible, une prière portée au cou.

 

LE JEU DE CAURIS


Il est nécessaire de réaliser des acrobaties mentales pour pénétrer dans le monde des Orishás, afin de ressentir, de percevoir ou d'observer même une religiosité aux pouvoirs émanant de la nature. Cependant, plus le voile s’estompe, plus les questions émergent. En route pour rencontrer Babá Cláudio de Oshum et découvrir mon Orishá, un podcast consacré à Phillipe Descola, un anthropologue français, agite mon téléphone portable, tandis que le GPS me propose un trajet alternatif suspect. « La nature, ça n’existe pas ! »

Selon la théorie l’auteur, notre rapport au monde repose sur quatre systèmes, dont deux, en particulier, nous intéresse ici. Du point de vue du naturalisme, d’abord, depuis Descartes, seuls les humains sont dotés d’intériorité et d’intentionnalité. Quant au second système, le monde animiste, les non-humains ne sont pas des objets, mais sont dotés d'une « intériorité » et sont « réceptifs aux messages qu'on leur adresse ». Si le candomblé appartient au monde animiste, comment trouver la posture psychique, peut-être même spirituelle, permettant d’observer ne serait-ce qu’un aperçu de cette religiosité ? Je vais commencer à parler aux arbres.
L’espace arborisé de la maison de candomblé est considéré comme sacré, divinisé par la force et l'énergie concentrées dans la végétation. Les arbres sont consacrés aux Orishás, et à leurs pieds, des objets sacrés et des offrandes représentant une divinité spécifique y sont déposés. Passant le portail de la maison de candomblé se dresse un majestueux ficus consacré à Ogum, gardien de l’entrée et Orishá de la guerre, ainsi que sa représentation en argile et en fer, bouclier et épée à la main. Déployant ses larges feuilles, un umbaúba (Cecropia palmata), dédié à Eshu, le messager des Orishás, veille également sur le passage.

Sur un demi-étage, près du grand escalier de pierre, se trouve la pièce consacrée au jeu de cauris où sont exposées différentes parures d'Orishás. Babá Cláudio me convie à entrer, vêtu d’une tunique délicate vert colibri et parée de plumes de paon. Le jogo de búzios, en brésilien, c’est la porte d’entrée du candomblé et c'est par cet oracle que les prêtres et prêtresses communiquent avec les Orishás pour définir les rituels à suivre. À l’intérieur, un autel est décoré de diverses images d’Orishás, de saints catholiques et un ensemble de petits miroirs sont accrochés au mur, symbolisant l’un des objectifs de la salle : offrir à la personne qui vient chercher conseil un « miroir » de lui-même à travers la consultation de l’oracle.
Au centre de la pièce, un plateau avec seize coquillages est disposé sur une table de bois, légèrement éclairée par deux cierges. Divers objets se trouvent sur le meuble, tels que des jarres, des pierres semi-précieuses, des coraux, des statues africaines et de hiboux. Babá Cláudio me demande alors la date de mon anniversaire, avant de crayonner sur un bout de papier. Puis, il commence à réciter des prières tandis qu’il frotte les cauris entre les paumes de ses mains. Le sacerdoce lance les coquillages sur le plateau qui forment une configuration de búzios ouverts ou fermés. Après avoir lu l’oracle, Babá Cláudio m’annonce alors que ce sera Oshaguiã, l’Orishá représentant un jeune guerrier et qui fut roi du peuple Ejigbo !

Originaire du dialecte africain yoruba, le terme Orishá est composé du mot ori (tête) et du mot ashé (force). L'Orishá est donc le « pouvoir de la tête » de chaque personne. Il s'agit d'une vision humanisée de l'énergie de la nature qui se manifeste dans la vie de chaque être humain. Dans la tradition yoruba, chaque Orishá est considéré comme un être supérieur qui a vécu parmi les humains, le plus souvent en tant que roi ou reine, et qui se distinguait des autres par des pouvoirs magiques.
Après quelques échanges auxquels je n’étais pas préparé et plusieurs lancers de coquillages, dévoilant certains détails de ma vie personnelle, Babá Cláudio écrit deux lignes sur le même papier déjà griffonné de chiffres, me le tendant. Banho de ervas. Galo, ce qui donne en français : « Bains aux herbes. Coq ». Voyant mon air interrogatif, Babá Cláudio m’apprend alors que ce sont les orientations données par le jeu de cauris. Il s’agit du Ebó, un rituel qui est pratiqué selon ses besoins en matière de santé, de finances ou de carrière ; un « nettoyage spirituel » en quelque sorte. Sur le chemin de retour, la nuit est déjà tombée, drapant le paysage d’un voile profond, traversé ici et là par une demi-lune aux lueurs timides. « Bains aux herbes. Coq », répété-je dans ma tête.

 

LE JEU DES CAURIS (MERINDILOGUN) ET L’EBÓ


Toutes les conceptions et les orientations du candomblé passent par le jeu des coquillages. C'est par cet oracle que les prêtres et prêtresses communiquent avec les Orixás pour définir les actions, les rituels et les procédures. C'est donc le premier accès au candomblé, sa porte d'entrée. C'est aussi une forme d'assistance pour ceux qui cherchent de l'aide pour leurs questions ou problèmes personnels, même sans intention de devenir adepte, car c'est à travers les coquilles de cauris que l'on donne des conseils spirituels.
L'une des orientations les plus courantes données par le jeu de cauris est l'Ebó. L'Ebó est un rituel qui est pratiqué selon ses besoins (sanitaires, financiers ou professionnels). Il se compose de divers éléments (bains d’herbes, offrandes, prières) qui changent en fonction de l'objectif du « nettoyage ».

 


INITIATION ET APPRENTISSAGE


Le candomblé est une religion initiatique. Ceux qui souhaitent en faire partie doivent se soumettre à des rituels spécifiques, vivre et participer à certaines activités afin d'en connaître la religion, sa philosophie et ses coutumes, jusqu'à ce que leur initiation soit définie. L'apprentissage du candomblé se fait exclusivement par l'expérience, la participation aux rituels et les enseignements transmis par les anciens.
L'initiation, appelée « Feitura », est un rite de passage plus qu'une renaissance, au cours duquel l'initié établit une relation directe avec son Orixá. À partir de ce moment, l'adepte commence à recevoir la transe avec l'énergie de son Orixá, ce qui est communément appelé « tourner dans le saint ».
L'initié est appelé Yawô ou Muzenza selon la nation. Ce terme signifie « femme de l'orisha » ou « porteur du secret ».
La « feitura » exige de renouveler et de renforcer le lien avec l'Orixá de temps à autre, ce qui s'appelle une obligation. Les obligations ont lieu un an près l’initiation, puis trois ans, et le cycle se termine à sept ans, qui correspond à l'« âge adulte ». Lorsqu'elle atteint la majorité, la personne est appelée Egbomy, c'est-à-dire « soeur aînée ». Si cela est prévu dans son destin et si elle est qualifiée, elle reçoit ses droits de prêtre et devient alors Babalorixá ou Yálorixá.
Dans les rituels internes du candomblé, les adeptes ont des fonctions prédéfinies, appelées positions. Parmi les postes les plus importants, on trouve les Ogans (hommes) et les Ekedjys (femmes), des adeptes qui ne passent pas par la transe, mais qui remplissent diverses fonctions essentielles au fonctionnement de la liturgie.
Le crâne de l'initié est rasé lors de l'initiation au candomblé. Ce rite s'appelle « Katula » et symbolise la naissance, le nouveau départ de la vie. Les cheveux représentent la force et sont la seule partie du corps qui continue à pousser après la mort ! Le rasage des cheveux représente le plus grand sacrifice du candombleciste, qui les offre à son orixá.